Possesion, article de Martinus

POSSESSION

MARTINUS

 

 

  1. C’est dans le sommeil que les êtres physiques sont en contact naturel avec les êtres spirituels

Lorsque nous parlons de “possession”, nous pensons généralement à un être physique qui est “possédé par un mauvais esprit”. Il y a certains individus isolés qui croient en la “possession”, mais à notre époque matérialiste, la plupart des gens, en tout cas en occident, pensent que c’est une vielle superstition et que les esprits, bons ou mauvais, n’existent pas. Et pourtant, le monde physique est bel et bien rempli d’hommes plus ou moins bons. L’esprit de la plupart des hommes est fait à la fois de bon et de mauvais, et il en est ainsi depuis bien longtemps. L’homme est un être spirituel et pas seulement un être physique: il ne faut pas croire que le bien et le mal qui habitent son esprit et son âme disparaissent lorsqu’il meurt. Il continue alors à vivre dans sa sphère de pensées et de même qu’il pouvait, lorsqu’il vivait encore dans son organisme physique, agir sur son prochain par le truchement de ses pensées, il peut de la même façon, une fois qu’il a quitté cet organisme, entrer en contact avec la sphère de pensées d’autres êtres vivants, qu’ils soient, comme lui-même, séparés de leur organisme physique, c’est-à-dire “morts”, ou qu’ils aient encore leur organisme dans le plan physique. C’est dans le sommeil que les êtres qu’on appelle physiques sont en contact naturel avec les êtres spirituels. Lorsqu’on croit avoir rêvé de quelqu’un qui est mort, cela signifie dans la plupart des cas qu’on l’a rencontré dans le plan spirituel. Cette rencontre a lieu lorsque deux êtres sont sur la même “longueur d’ondes”, lorsqu’ils ont des choses à échanger sur le plan spirituel, lorsqu’ils ont envie de venir en aide et faire plaisir à l’autre: exactement pour les mêmes raisons que lorsqu’ils vivaient tous deux dans le monde physique.

 

  1. Lorsqu’on envoie de bonnes pensées à un éventuel ennemi qui est décédé, on ne peut plus être possédé par lui

Dans le monde physique, ce n’est pas seulement l’amour, l’amitié et les centres d’intérêts qui sont susceptibles de “lier” les hommes les uns aux autres, mais aussi le phénomène mental que nous appelons la haine. Lorsqu’une personne ressent de la haine pour une autre, elle produit une force spirituelle qui, si la personne qui fait l’objet de cette haine partage les mêmes sentiments, les plonge toutes les deux dans un “enfer” commun. Cet enfer dure tant que ces deux êtres se détestent, parfois plusieurs incarnations. Ils s’en libèrent s’ils surmontent leur haine, mais s’ils meurent avec la haine dans l’esprit, celle-ci étant une réalité spirituelle, elle les poursuivra inévitablement dans le plan spirituel. Celui des deux ennemis qui est “mort” a alors dans certains cas la possibilité de persécuter et de “posséder” l’autre si celui-ci n’est pas protégé par ses propres pensées. Et il ne sera certainement pas protégé si ses pensées sont amères et haineuses. S’il a par contre surmonté sa haine et pardonné à son ennemi, celui-ci n’aura aucune emprise sur lui. Il n’y a donc aucune raison d’avoir peur de la possession. Lorsqu’un être avec lequel on n’était pas dans les meilleurs termes meurt, il faut lui envoyer de bonnes pensées et éventuellement prier pour lui et la paix de son âme: celui qui prie de cette façon contribue à éloigner son propre enfer et il a aussi une chance d’aider le mort, par le truchement des impulsions de pensées qu’il lui envoie, lorsque celui-ci découvre un beau jour qu’il est fatigué du “purgatoire” que la haine ainsi que les autres climats de pensées primitifs qui habitent son esprit font régner autour de lui. Lorsqu’il aura prié pour qu’on lui vienne en aide et que ses anges-gardien auront fait disparaître ses sombres pensées, toute impulsion positive émise par d’autres êtres lui sera d’une aide précieuse et lui apparaîtra comme une lumière dans les ténèbres. Lorsque ces deux personnes se rencontreront à nouveau, dans une incarnation ultérieure, ces impulsions positives contribueront à établir entre eux une meilleure atmosphère.

 

  1. La possession est en vérité un phénomène semblable à l’hypnose

Qu’est-ce vraiment que la “possession”, qu’arrive-t-il vraiment quand on est “possédé”? La meilleure façon de faire comprendre ce principe aux lecteurs est d’utiliser comme point de repère un phénomène connu dans le monde physique comme point de départ. La possession est en vérité un phénomène semblable à l’hypnose. Une personne qui est soumise à la volonté d’un hypnotiseur est plus ou moins possédée par la conscience de l’hypnotiseur. Conscience et esprit étant synonymes, cela veut dire que le médium, c’est-à-dire la personne hypnotisée, est plus ou moins possédée par l’esprit de l’hypnotiseur. La seule différence qui existe entre l’hypnose et ce qu’on appelle la “possession”, c’est que la personne qui est hypnotisée est “possédée” par un être qui possède un organisme dans le plan physique tandis qu’une personne “possédée” est hypnotisée par un être qui n’a pas d’organisme dans le plan physique et que la personne hypnotisée ou “possédée” est donc incapable de voir. Et c’est pourquoi la personne “possédée” se trouve dans une situation plus dangereuse. Il est plus facile de se protéger d’un être que l’on voit que d’un être invisible. C’est là aussi que réside le danger des séances de spiritisme, de l’utilisation des pendules, de l’écriture automatique: les personnes qui invitent de cette façon les êtres spirituels dans leur aura ne sont pas toujours protégés contre les êtres qui veulent exercer un pouvoir sur leur prochain et qui n’hésitent pas à se faire passer pour tel ou tel grand personnage ou pour un parent ou ami décédé. Il est bien-sûr possible d’entrer en contact avec un être cher au cours d’une telle séance, mais il arrive aussi qu’on se fasse escroquer. On croit souvent qu’il ne peut y avoir escroquerie que du côté du médium, mais c’est totalement faux. Il arrive que le médium soit honnête et sincère, mais qu’il y ait tromperie de la part des êtres qui parlent à travers le médium et qui ne sont pas ceux pour qui ils se font passer.

 

  1. Lorsque nous travaillons à l’élargissement de nos facultés d’aimer, nous entrons toujours en contact avec des êtres spirituel, et cela sans avoir recours à un médium

Il n’est donc pas indiqué de s’ouvrir aveuglément et sans discernement à tout ce qui vient du monde psychique. C’est par le truchement de leur conscience diurne éveillée qui petit à petit est destinée à se transformer en conscience cosmique que les hommes peuvent poursuivre leur évolution, et non en s’abandonnant aveuglément à des êtres psychiques qu’ils sont incapables d’évaluer, dont ils ne connaissent ni les qualités spirituelles, ni les facultés d’amour. Nous sommes tous en contact avec des êtres spirituels qui sont l’instrument de Dieu, et lorsque nous travaillons à augmenter l’amour et l’intelligence de nos pensées, nous nous mettons sur la même longueur d’ondes que des êtres spirituels qui nous donnent des impulsions et nous viennent en aide sans que nous ayons besoin de faire appel à un médium. Le contact le plus sain et le plus naturel que les hommes de la terre puissent établir avec le monde spirituel, au-delà de celui qui s’établit lorsqu’ils dorment, est la concentration de pensées que l’on appelle la prière. Le Christ a appris aux hommes à adresser leurs prières non pas à tel ou tel ange-gardien, mais à “Notre Père qui êtes aux cieux”. Les “cieux” sont bel et bien partout, ils sont l’esprit de Dieu et l’esprit de Dieu est omniprésent, aucun être ne peut en être exclu. Les anges-gardien sont les organes qu’utilise Dieu pour manifester son amour de tout ce qui est vivant et les hommes de la terre sont eux-mêmes en voie de devenir les organes d’amour de l’organisme de Dieu. Et cela ne veut pas dire qu’ils doivent devenir des médiums aveugles. La vie qui les attend à l’avenir exigera de toutes autres qualités: un amour du prochain fort et vivant, mais aussi une vaste connaissance des lois et principes cosmiques de la vie. Il est question d’un état d’intellectualité et de conscience totale, d’une faculté de création et d’invention épanouie et mise au service de l’autre. C’est justement pour acquérir ces facultés que les hommes de la terre se réincarnent sans cesse dans le monde physique, pour apprendre à penser en harmonie avec les lois de la vie, avec les principes fondamentaux de l’univers. C’est ainsi que les hommes peuvent se libérer de toute forme de “possession”, se libérer des êtres qui ont soif de pouvoir et qui veulent prendre possession de leur esprit et les utiliser à des fins égoïstes. C’est alors qu’ils deviennent des “fils de Dieu” libres et souverains d’eux-mêmes qui arrivent à penser les pensées de Dieu et à se manifester et créer en harmonie avec la volonté de Dieu.

 

  1. Le mensonge est une façon de “posséder” l’esprit d’autrui

La “possession”, ou hypnose, n’est pas seulement pratiquée par quelques êtres qui de cette façon peuvent acquérir un certain pouvoir sur autrui: c’est un phénomène qui dans son principe est relativement fréquent chez tous les hommes de la terre. La plupart des hommes sont “possédés” bien qu’ils ne pensent pas à utiliser cette appellation. C’est un autre nom que l’on donne généralement à ce phénomène: le mensonge et la fausseté. Chaque fois qu’une personne raconte un mensonge à une autre, elle le suggestionne en lui faisant croire qu’elle dit la vérité. L’autre personne est donc d’une certaine façon “possédée” par les pensées de la première et cela tant qu’elle croit à la véracité du propos. Lorsqu’elle découvre que ce n’était pas la vérité, elle est libérée de cette “possession”. Mais un mensonge peut être conscient ou inconscient. Certaines personnes mentent sciemment, elles déforment les faits et cachent la vérité aux autres parce qu’elles croient qu’elles peuvent en tirer avantage, elles abusent la bonne foi d’autrui. Mais il existe de nombreuses formes de mensonge qui ne sont pas conscientes et qui tiennent au fait que la personne, par manque d’information, croit qu’elle dit la vérité. Il existe enfin une forme de mensonge qui est consciente mais qui n’est pas dûe à une volonté, de la part du menteur, de blesser ou de dominer autrui: s’il cache une partie de la vérité, c’est uniquement par égard pour son prochain, parce qu’il considère que celui-ci ne supportera pas d’entendre toute la vérité. Mais qu’un mensonge soit prononcé dans un but malicieux, par ignorance ou dans une bonne intention, par exemple par compassion (un mensonge qui reviendra chaque fois à son auteur en tant que destin et cela sous une forme qui dépendra de l’intention qui l’animait et des conséquences de son mensonge), il représente une forme de possession et de suggestion qui est destinée, au fur et à mesure de l’évolution des hommes de la terre, à disparaître. Mais naturellement, tous les hommes qui vivent aujourd’hui sur la terre ne sont pas également mûrs pour comprendre les vérités universelles et cosmiques: tant qu’il en sera ainsi, leur expérience de la vie reposera forcément plus ou moins sur les phénomènes de la suggestion et de la “possession”.

 

  1. Le pilier de l’évolution religieuse, politique et scientifique de l’humanité entière est aujourd’hui encore, et depuis toujours, la suggestion de masse et la “possession”

Que ce soit mal intentionné ou non, dû à l’ignorance ou à la compassion, les différentes religions, les différents partis politiques et leur presse quotidienne, la science, l’art et le monde des affaires ont tous, eux aussi, un lien avec la “possession”. Le pilier de l’évolution religieuse de l’humanité, et cela concerne aussi bien les cultes fétichistes que les grandes religions d’aujourd’hui avec toutes leurs ramifications et leurs sectes, a toujours été et est encore la suggestion divine, “la possession religieuse”. C’est la foi en l’autorité qui lie leurs adeptes en une atmosphère spirituelle commune et ce sont les prophètes, les prêtres et les chefs spirituels qui transmettent la suggestion. Ceci n’est pas une critique car le fait qu’une large proportion de l’humanité soit guidée et dirigée de cette façon a toujours été, et est encore partiellement, une nécessité. Mais de nos jours, il s’avère que les hommes de la terre qui rejettent cette suggestion spirituelle sont nombreux. Les dogmes et les cérémonies ne les inspirent plus: ce qu’ils veulent, c’est connaître et comprendre le fonctionnement du monde. Et nous avons là le principe fondamental des sciences physiques. Mais il ne faut pas croire pour autant que la science est totalement dépourvue de dogmes et de suggestion. Elle a découvert la vérité dans beaucoup de domaines, mais une vision obtuse et matérialiste de l’existence peut aussi engendrer des préjugés et donner naissance à des hypothèses qui sont loin de coller à la vérité et qui sont destinées à “posséder” l’esprit des nombreuses personnes qui croient aveuglément en tout ce qui porte une enseigne scientifique et académique. Mais la science ne peut s’en tenir longtemps à une vision de la vie matérialiste: elle se trouve déjà aux limites du monde spirituel et à l’avenir, elle est destinée à établir un lien naturel entre ses analyses en poids et en mesures des réalités physiques et l’analyse de la dimension spirituelle de l’univers. De la même façon, les idéologies et partis politiques sont eux aussi, dans une large mesure, basés sur la suggestion de masse et la “possession” d’une ou plusieurs idées qui deviennent une sorte de religion matérialiste avec des dogmes et une doctrine. La propagande de la presse politique cherche à “posséder” les esprits et recruter des voix afin d’augmenter son pouvoir et dans le monde des affaires, on utilise un flot de publicités plus ou moins séduisantes réalisées de façon artistique pour hypnotiser les gens et les amener à dépenser leur argent sur les produits en question afin que les hommes d’affaire puisse faire le plus de profit possible.

 

  1. Le chercheur spirituel qui s’intéresse aux analyses cosmiques doit vérifier et étudier consciencieusement mon œuvre

Toutes ces formes de suggestion et de “possession” ainsi que celles qui existent au niveau individuel seront absolument inévitables tant que les hommes n’auront pas acquis complètement, individuellement comme collectivement, la faculté de faire l’expérience de la vérité, des lois de la vie. Chaque individu devra d’abord continuer à évoluer de la façon suivante: peu à peu il se libérera de ces suggestions et fera reposer sa vie psychique sur la connaissance et le savoir, sur son expérience vécue. Pour cela, il faut une science nouvelle, une science qui traite de la dimension spirituelle de l’univers, une vision du monde qui montre quel rôle joue chaque détail local par rapport à l’unité et combien chaque détail local dépend du reste de l’univers. Bien sûr, il se trouvera sans doute des gens qui croiront en cette science spirituelle et qui en feront une nouvelle religion, mais cela montrera tout simplement qu’ils ne l’ont pas comprise. Mon souhait n’est pas de faire de mes analyses cosmiques une autorité à laquelle les hommes seraient tenus de croire. Le chercheur spirituel qui s’intéresse à mes analyses cosmiques doit vérifier et étudier consciencieusement mon œuvre. Il se doit de les confronter à ses propres expériences et c’est alors seulement qu’elles peuvent lui être de quelque utilité: c’est alors qu’il peut penser et analyser de façon personnelle et indépendante car elles l’aident à faire un effort personnel ce qui le conduit sur la voie de l’initiation au mystère même de la vie. Peu à peu, il pourra se libérer de toutes les formes d’“enfer”, de “jugement dernier”, de “possession” et de suggestion. Naturellement, cela ne se fera que si le chercheur spirituel, loin de se contenter d’étudier, essaie de vivre en harmonie avec les lois qui, comme il a commencé à le découvrir, régissent l’univers et la vie. En vivant d’après ces lois, il amènera son esprit à vibrer en harmonie avec la force de pensée du Dieu éternel et il se préparera un avenir rayonnant d’“homme fait à l’image de Dieu”.

Copyright Martinus Institut 1981

Cet article écrit d’après une conférence tenue par Martinus le 4 décembre 1949 à Copenhague fut rédigé par Mogens Møller et ultérieurement lu et approuvé par Martinus.